Chevrolet Camaro VI ZL1 1LE
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650 cv, V8 à compresseur et boîte mécanique, des roues avant de train arrière de 997 GT3 (305) !
Voilà en quelques mots le machin qui m’attendait au Col de la Machine par un dimanche ensoleillé d’Aout. Propriété d’un éminent membre de l’EDG Racing connu pour ses voitures exotiques et cependant sérieuses, voire très sérieuses.
Après un déjeuner au sommet en présence de quelques membres de qualité, digérant mes pommes dauphine et mon gratin du même Dauphiné, me voilà face à l’engin (je parle de la voiture).
J’ai l’habitude des gros engins (je ne parle pas que de la voiture), et pourtant c’est impressionnant. Elle fait le gabarit de ma Mustang Bullitt et elle paraît plus grosse. Il faut dire que les roues ultra larges et surtout les appendices aéro du pack 1LE sont déments. La 1LE est la version « GT3 RS » de la ZL1. Prévue pour la piste (enfin pour nos amis US, car ici elle sert pour le bolidage Vercors, et on verra que c’est pas si mal).
Montée à bord en passager et on me présente les différents modes. Contrairement à la ZL1 « normale » la 1LE a des suspensions passives mais on peut régler de multiples choses : calibrage de la direction, réponse à l’accélérateur et pilotage du différentiel et des aides. Le mode préféré de son propriétaire est une version du mode sport un peu libérée mais avec quand même des aides connectées.
Nous voilà partis dans l’Arps, en descente sur un mode cool. C’est confirmé, l’auto est énorme, on est assis bas et les vitres sont petites donnant vraiment l’impression d’être dans un char d’assaut. Le son est agréable et le confort aussi. Demi-tour, auto chaude et c’est parti pour une remontée, toujours en passager, en mode « Du gros ». Je m’attendais à plus violent, mais entendons-nous bien, ça pousse du diable et surtout c’est immédiat, aucun temps de réponse (c’est certes un compresseur et pas un turbo) et surtout malgré la cylindrée il n’y a aucune inertie, le moteur envoie immédiatement l’aiguille du compte-tour dans la boîte à gant. Les reprises sont sidérantes. C’est vraiment puissant mais je pensais avoir peur, même si j’ai confiance totalement dans les qualités de pilote de mon camarade.
Deuxième sensation : la tenue de route, le grip est vraiment très fort en appui, l’auto est montée ultra large en gomme Michelin (Pilot Sport 4S et pas Sport Cup) et c’est vraiment bien. A noter que si on soude on perd vite la motricité, heureusement les aides sont là, et dieu sait si à l’EDG Racing on déconnecte vite les aides, mais là non … Bizarrement on se réjouit de leur présence ! L’inscription en virage est facile, on finit par sentir le poids surtout en descente, mais l’auto ne bouge pas. Il faut la conduite « muscle car » avec réaccélération progressive en débraquant, vraiment progressive car sinon … direction la Lune ! Par contre, on sent quand même que l’auto fait des virages à facettes, ce n’est pas la précision d’une GT3 c’est brutal comme conduite. Et la patate de dingue en sortie de virage … On ne sent pas les 1800 kg tellement ça pousse ! Et puis on sent comme une mise en dérive légère dans les appuis. En fait je comprendrai plus tard que le différentiel piloté donne un effet « torque vectoring » à l’auto. Un effet roues arrières directrices en en fait. Un peu déstabilisant au début car on se demande si l’auto ne va pas décrocher, et ce qui se gère facilement dans une Megane RS, est ici bcp plus impressionnant avec la puissance et le poids !
Troisième sensation : les freins !!! Et bien malgré une grosse cadence que soit le proprio ou moi, jamais, jamais la pédale n’a bougé, ni la puissance. Inépuisable. Il faut dire que les disques de frein de cette auto sont au freinage ce que Rocco Sifredi est aux films X ….
Et sinon, comme me le fait remarquer le propriétaire, en 5 minutes les pneus ont vraiment chauffé, il faut dire que la puissance et le couple les saturent vite à ce rythme et aussi le plein descend vite, très vite, très très vite !!!
Je prends enfin le volant pour une belle boucle : Col de la Machine, Col de Carri, la Chapelle, Grands Goulets, Montée de l’Arps. Bon des caisses j’en ai conduite, y compris des gros engins (je parle des voitures) de course, mais là je fais ma jeune fille timide … Et oui, je suis intimidé ! Je n’ose pas. La première accélération confirme ce que j’ai senti en passager. Le moteur donne tout et tout de suite et déborde vite le train arrière si la route n’est pas lisse. Et là c’est assez bosselé. Par contre ce n’est pas cassant, je ne suis pas trop secoué mais il faut tenir la machine ! La direction est top et l’auto s’inscrit facile. En effet les freins sont costauds, très costauds … Aucune dureté dans les commandes comme dans la GT3 par exemple. C’est assez facile et au passage soulignons le superbe tableau de bord qui mixe digital et analogique.
J’attaque Carri, que je connais par cœur, mais je perds mes repères et je n’arrive pas à envoyer. Je tente quelques accélérations, mais à mi 4 je lève, car je ne le sens pas. Trop de puissance et de vitesse. Je confirme le grip latéral dingue, car je laisse l’auto faire dans les appuis en l’inscrivant fermement et ça ne bouge pas. C’est perturbant car ça a l’air infini et on se demande ce qui se passe si ça décroche et surtout quand ça va décrocher ! J’aime beaucoup mais je fais pas le malin …
On arrive à La Chapelle, qu’on traverse sous les regards hallucinés des touristes, il faut dire que c’est un OVNI qui débarque … Descente sur les Goulets, la confiance vient et les accélérations sont plus franches et je ressens clairement le travail du différentiel piloté. Pas simple … Si on remet du volant en accélérant il fait vraiment rentrer l’auto à l’intérieur et donne l’impression qu’elle tourne plus que l’angle mis au volant. Et au début on pense vraiment qu’on va perdre l’arrière … Ce qui est impossible aux vitesses tranquilles auxquelles je suis, mis la sensation perturbe …
Quand on soude, on sent aussi l’arrière qui se dandine un peu et l’auto qui part un peu (un peu seulement) à droite et à gauche. Il faut tenir le volant sérieusement !
On arrive dans les Grands Goulets et là le gabarit de l’auto donne l’impression qu’elle est bcp plus grosse que l’on pense et on serre les fesses quand on croise un camping-car de joyeux ! Je m’habitue à la puissance et au grip, et je commence à me régaler mais pas au point d’envoyer … Mais même là je prends un immense plaisir, comme avec toutes les muscle cars qui ne sont pas toujours les autos les plus performantes du monde mais qui donnent des sensations mythiques et uniques à leurs pilotes. C’est vraiment l’esprit US !
Et nous voilà enfin au pied de l’Arps, le propriétaire me dit : « je te déconnecte tout ». En 4-5 km je commence à me lacher plus. Je ne me lacherai jamais totalement mais passé les séries d’épingles, je vais vraiment beaucoup plus envoyer. Et c’est pire que la GT3 en concentration : il faut soigner sa respiration sinon on est en apnée, il faut pas parler, il faut regarder tout, être d’une extrême concentration, totale. On doit être à ce qu’on fait. Et le plaisir est inouï … L’auto efface toutes les lignes droites, toutes les montées … C’est sidérant …
L’entrée de virage se fait de façon très classique, et quel grip ! Et la sortie est magique façon navette spatiale on est propulsé vers l’autre virage et la grande ligne droite qu’on connait par cœur est devenue un petit bout droit dans lequel on monte 2 rapports très vite et on se jette sur les freins car le virage est déjà là !!! Le travail du différentiel piloté est magique, je commence à m’habituer et c’est assez jouissif … On se prendrait presque pour un paylote avec une amorce de dérive mais non c’est juste un effet …. Et on peut faire confiance au chassis, l’auto reste placée … Par contre, comme évoqué plus haut c’est vraiment une conduite de brute. Pas de finesse, de la puissance, de la brutalité … mais quelle trique nom d’une bite !!! Je n’ai pas idée des vitesses, mais finalement, on reste concentré, et cela se passe bien …
Retour sur le parking du Col de la Machine … j’arrête l’auto. Je descends. Je suis essoufflé, vidé … et pourtant j’ai conduit 50-60 km dont seulement 15-20 un peu fort … La GT3 est facile à côté … Mais quelle machine … Ce n’est pas la plus rapide, la plus efficace, mais elle est unique et je rigole en pensant aux ingénieurs US qui ont conçu cette auto pour leurs circuits…. J’aimerais qu’ils voient ce qu’on en fait sur nos petites routes des Alpes !!!
En repartant, je prends la GT3 est quelle légèreté !! Les premiers virages me font rire tellement l’auto est facile et absorbe toutes les bosses. Une ballerine !!!
Un grand merci au propriétaire pour ce moment rare car des ZL1 1LE on en voit pas tous les jours, on en voit même jamais et à ce rythme par chez nous, c’est unique.
Putain ma pignole GT500 2020 me reprend !!! Bon je vais aller sortir la Bullitt !!
Du gros !